Raphaël Bilodeau débute en force sa 11e année comme pompier forestier à la SOPFEU. Il qualifie la profession de pompier forestier comme le plus beau métier en foresterie. Rempli de défis et d’imprévus, c’est un emploi hors du commun et étonnamment bien différent d’un pompier urbain.
Basé à La Tuque en Mauricie, Raphaël pratique le métier de pompier forestier pour sortir de sa zone de confort.
« Ce n’est pas un métier routinier et c’est rempli d’imprévus, tu ne sais pas où tu vas aller et ce que tu vas faire, car chaque feu est différent et c’est un nouveau défi à chaque fois.» nous a-t-il expliqué.
Contrairement au métier de pompier urbain, les pompiers forestiers doivent beaucoup réagir sur le moment, car chaque feu se gère différemment. De plus, étant en milieu éloigné, ils sont beaucoup laissés à eux-mêmes.
En effet, en tant que pompier forestier, il faut être prêt à faire face à des situations peu normales, peu confortables pour l’humain, mais comme nous l’a expliqué Raphaël,
« la SOPFEU nous donne les formations nécessaires pour être capables d’agir en conséquence. »
Également, une des valeurs premières de la SOPFEU est la sécurité,
« on est vraiment bien encadré au niveau sécurité. »
Bien que le travail terrain soit constitué de moments d’adrénaline, il y a beaucoup de préparation avant d’attaquer un feu. Le début de la saison commence toujours avec une période de formation et de mise à jour, notamment en ce qui a trait à la santé et sécurité au travail.
Autrement, au quotidien, les pompiers doivent faire plusieurs tâches préalables. Bien sûr, il faut se mettre à jour sur la météo à venir et les indices d’incendie, mais aussi, il y a beaucoup de matériel à préparer et à entretenir. Même ces tâches plus quotidiennes ne sont pas routinières et permettent également de travailler dans un environnement inhabituel. Plusieurs caches et stations de communication sont installées dans l’ensemble du Québec. Les pompiers forestiers ont pour tâche d’assurer leur entretien lorsque lorsqu’il n’y a pas de feu.
« Il faut remplir les caches de matériel d’attaque initiale et d’essence pour les hélicoptères et faire du débroussaillage.»
Une fois que les tâches préparatoires sont faites et que les formations sont à jour, c’est l’attente d’un incendie. Lorsque nous avons discuté avec Raphaël, comme l’indice de feu était élevé, lui et son équipe étaient en déploiement héliporté, c’est-à-dire prêt à partir en hélicoptère pour aller à l’attaque d’un feu.
En tant que pompier forestier, il est possible de devenir chef de lutte. Le chef de lutte est celui qui gère le feu et son équipe. Il y a deux stades de chef, soit le stade 1 et le stade 2. Raphaël est pompier forestier de stade 2, donc il gère des équipes de pompiers plus grandes et des feux de plus grande ampleur qu’un pompier de stade 1.
Les pompiers forestiers, c’est une équipe déployée sur le terrain, en forêt, pour attaquer les feux à l’aide de pompes installées à même un cours d’eau situé près du feu. C’est l’équipe qui exécute l’attaque initiale du feu.
Si l’intensité du feu est trop intense pour une équipe d’arrosage terrestre, le chef de lutte coordonnera le travail avec l’hélicoptère qui installera un réservoir héliporté et arrosera le feu pour baisser l’intensité afin que l’équipe au sol puisse arroser sans danger. Le même scénario peut se faire avec les avions-citernes. Tout dépend de l’intensité du feu. Les intensités de feu proviennent de données météo qui se démontrent en kilowatts/mètre ou directement sur le terrain selon la hauteur des flammes.
« C’est vraiment un travail conjoint avec les hélicoptères, les avions et nous les pompiers au sol.»
« J’ai choisi ce métier parce que ce n’est pas routinier et c’est rempli de défis et d’imprévus. »
Raphaël a travaillé un été comme combattant, soit l’équipe de pompier forestier sur appel, et il a automatiquement eu la piqûre pour l’adrénaline qu’apporte ce métier. C’est pourquoi il a fait les démarches pour devenir pompier forestier.
Contrairement à la profession de pompier urbain, nul besoin d’une formation en incendie pour devenir pompier forestier. Par contre, il est nécessaire d’avoir une formation en foresterie, ou autre expérience connexe, car il faut être à l’aise en forêt. Effectivement, il faut savoir lire des GPS, des boussoles et reconnaître les essences d’arbres. Avec en poche une formation comme agent de la faune, Raphaël avait amplement les compétences pour rejoindre l’équipe de la SOPFEU.
L’horaire d’un pompier forestier peut être difficile pour la vie familiale. La période de travail s’étant d’avril à plus ou moins août. C’est donc un travail saisonnier avec un ratio de 10 jours de travail pour 4 jours de congé en temps normal, mais en période de feu, c’est 26 jours de travail pour deux jours de congé!
« Tu vis des choses que tu ne vis pas normalement au quotidien. » nous explique Raphaël.
C’est un métier qui est difficile physiquement, mais aussi mentalement.
« Personnellement, après une saison, j’ai besoin d’une période de repos pour m’en remettre physiquement et mentalement.»
Le travail de pompier forestier est très difficile physiquement, c’est de longues heures de travail dans des conditions difficiles. Ce n’est pas pour rien que des tests physiques sont émis aux nouveaux pompiers.
La SOPFEU a comme mission la protection des forêts contre les incendies en vue d’assurer la pérennité du milieu forestier au bénéfice de la collectivité. C’est la seule organisation responsable des incendies en forêt au Québec. Bien qu’elle travaille à combattre les feux de forêt, la SOPFEU joue un rôle essentiel de prévention contre les incendies. Au service des Québécois depuis 1994, la SOPFEU s’engage à détecter un feu avant 0.5 hectare, l’attaquer dans l’heure, le maîtriser avant 10h le lendemain matin et l’éteindre avant 3 hectares.
«Le rôle d’un pompier forestier c’est avant tout de protéger les forêts, »
et c’est ce qui rend Raphaël fier de son métier.