Martin Héroux, luthier professionnel, nous a accueillis dans son atelier à Saint-Émélie-de-L’Énergie, village lanaudois où il a grandi et dont il est maintenant maire. Bien qu’il porte plusieurs chapeaux, celui de luthier est plutôt singulier…
La lutherie est un très vieux métier du bois, qui consiste à la création, à la réparation et à la restauration d’instruments à cordes.
« C’est d’aller chercher le plein potentiel acoustique des pièces de bois pour donner le meilleur rendement sonore possible à un instrument », nous a expliqué Martin Héroux, luthier depuis 25 ans.
En effet, contrairement à ce que l’on peut penser, le rôle premier du luthier est de trouver l’équilibre et la richesse du son, et ensuite vient l’esthétique de l’instrument.
Spécialisé en violon, violoncelle et alto, Martin est un artisan reconnu à l’international. Ses instruments ont d’ailleurs gagné plusieurs prix de distinction. Sa passion, c’est la combinaison de deux : l’amour du bois et de la musique. Fils d’ébéniste et musicien, la lutherie lui donne le sentiment d’être à la bonne place. D’ailleurs, à travers son récit, on a pu comprendre que son talent était ancré en lui bien avant d’avoir entamé ses études en lutherie. C’est son professeur de musique qui lui a dit : « Martin, tu serais peut-être meilleur pour les réparer que d’en jouer… » C’est ce commentaire constructif qui l’a amené à quitter ses études en musique au Cégep de Joliette pour poursuivre en lutherie à l’École de lutherie artistique du Noroît, aujourd’hui l’École nationale de lutherie du Centre de formation et de consultation en métiers d’art situé au Cégep de Limoilou. Par contre, sa réelle formation de luthier s’est faite sur le terrain, lors d’une expérience de travail de 3 ans à Bruxelles où il était entouré de luthiers européens de renoms.
Aujourd’hui, cette formation collégiale permet de créer une relève pour la création de violons et de guitares. Martin Héroux nous a témoigné qu’en effet, il y a très peu de personnes qui s’adonnent à la lutherie. Selon le site du Centre de formation et de consultation en métiers d’art, le répertoire compte moins de 80 luthiers professionnels au Québec.
« C’est un métier qui demande beaucoup de patience, de dextérité manuelle, mais surtout de l’oreille, et ce n’est pas fait pour tout le monde », nous explique Martin.
Les compétences propres au métier se résument à de la très grande minutie, ce qui en fait un métier très difficile. Ce n’est donc pas pour rien qu’un instrument lui prend en moyenne entre 150 et 200 heures à créer. Par contre, une fois son expérience acquise, les instruments créés ont une renommée et il est possible de les vendre à des musiciens professionnels, comme le fait Martin. Aujourd’hui, des musiciens et musiciennes d’orchestres symphoniques et de groupes de musique traditionnelle, tels que les membres du groupe Vent du Nord, ainsi que Nicolas Pellerin et les grands hurleurs, possèdent des violons Martin Héroux.
Malgré la technicité du métier, notre rencontre avec Martin nous a fait comprendre qu’être luthier, c’est être un artiste qui crée des œuvres d’art sonores provenant d’une matière noble, le bois.
Pour en connaître davantage sur les instruments Martin Héroux, consultez son site internet au www.martinheroux.ca