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LES SUCRERIES DU NORD DE LANAUDIÈRE EN 1835


Une capsule de Guillaume Petit

En 1835, le village de Sainte-Mélanie commençait tout juste à se développer et les forêts de Sainte-Béatrix et de Saint-Jean-de-Matha n'étaient fréquentées que par quelques bûcherons. Les seigneurs propriétaires de ces terres n'avaient pas encore concédé de lots dans ces secteurs inaccessibles. Mais ils y avaient soigneusement recensé tous leurs érables à sucre puisque c'était une précieuse source de revenus.

 

Illustration 1: Cornelius Krieghoff - Le temps des sucres au Canada

Entre décembre 1834 et février 1835, William Berczy, agissant au nom des seigneurs de Dailleboult et de Ramzai, a signé chez le notaire plus d'une centaine de baux d'une durée de 6 ans pour la location de sucreries situées dans les territoires non concédés des seigneuries. Les locataires étaient des agriculteurs de la plaine de Lanaudière. Le loyer consistait à livrer chaque année aux seigneurs 10 livres de sucre bon, loyal et marchand par chaque 100 arbres au mois de mai.

Le premier bail a été conclu le 1er décembre avec Thomas Geofrois, cultivateur à Sainte-Élisabeth pour une surcrerie située sur le chemin de chantier en la seigneurie Dailleboult sur le lot N.14, comptant 300 arbres à sucre. Les premiers actes sont manuscrits, mais à partir du 11 décembre, le notaire utilise un formulaire dactylographié qui sera plus facile à lire.

 

 

Plus d'une centaine de baux ont été conclus avec des agriculteurs de Sainte-Élisabeth, en grande majorité, et quelques autres de Dailleboult et Kildare (Sainte-Mélanie et Saint-Ambroise). Chaque érable à sucre loué devait être plaqué pour être facilement identifiable, le locataire n'avait pas le droit d'en entailler d'autres sous peine d'amende. Selon certains calculs, au printemps 1835, au moins 43 000 érables à sucre ont été entaillés dans le nord des seigneuries. Leurs sucreries ont rapporté aux seigneurs 430 livres de sucre valant 215 livres sterling en mai 1835. Les conditions spécifiées dans les baux sont très précises:

Ne pourra ledit preneur faire plus de deux entailles aux gros arbres et une aux petits, ainsi que ne faire lesdites entailles plus d'un demi-pouce de profondeur (...) Sera tenu ledit preneur de réparer et entretenir tous les chemins en temps et saison covenables, conjointement avec les autres Sucriers, jusques y compris sa Sucreries, ainsi que de plaquer des arbres autour de ladite Sucrerie pour se renfermer par des plaques bien visibles aux dits arbres, afin que le dit William Berczy, écuyer, puisse plus commodément les faire compter lorsqu'il le jugera à propos (...) Ne pourra ledit preneur couper aucun arbre à sucre, pour se chauffer ou faire bouillir (...)

Les habitants de la plaine de Lanaudière qui avaient déjà défriché leurs terres se déplaçaient au printemps pour aller faire leur sucre d'érable dans le nord des seigneuries sur des terres louées. Il faut croire que cela leur apportait un revenu d'appoint appréciable en plus de leur permettre de passer du bon temps en famille. Ils ont exploré le territoire et tracé des chemins dans la forêt qu'ils ont dû entretenir. Plusieurs d'entre eux se sont ensuite installés sur ces terres en demandant la concession du lot où ils allaient chaque printemps en famille faire les sucres.

 

En savoir plus

 

RÉFÉRENCES BANQ

Une centaine d'actes enregistrés dans le greffe du notaire du village d'Industrie Jean-Olivier Leblanc entre le 1er décembre 1834 et le 23 février 1835:

Illustration Musée McCord: Le temps des sucres au Canada

 

À propos de Guillaume Petit

Guillaume Petit est un historien amateur qui partage ses recherches sur son blogue. Il est venu à l'aventure de Paris en 1975 et a décidé de s'installer dans la belle province par la suite. Dans les dernières années, il a été aubergiste à Nominingue dans les Laurentides ainsi qu'à Montréal. Il est maintenant retraité et s'est installé à Joliette où il partage sa passion pour l'histoire avec ses lecteurs. 

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